Apple forcé d’ouvrir l’iPhone à la concurrence en 2024

Apple a un an avant de se conformer aux directives de l’Union européenne, contraint d’ouvrir  à la concurrence l’App Store, iMessage, Apple Pay, Webkit et même sa fonction Airtag, les  Canadiens doivent-ils s’attendre à des changements?

Crédit Image couverture : Apple

Les temps vont-ils être durs pour Apple ? La société à la pomme aurait mobilisé ses cadres les plus importants selon Bloomberg, afin de superviser de profonds changements qui vont avoir lieu sur iPhone et plus précisément du côté du logiciel.

Mis en place le 14 septembre 2022, le Digital Market Art (DMA) et le Règlement sur les Services Numériques (DSA) sont un règlement mis en place par le parlement européen afin de mettre fin à la domination des Gafam en Europe. Las de voir les géants américains imposer leurs règles qui ne reposent sur aucun cadre légal, l’Europe, plus ouverte à la concurrence et infiniment moins protectrice que les États-Unis envers ses entreprises, a donc décidé d’imposer des lois qui étaient inexistantes dans ce milieu.

 

App Store, Apple Pay, iMessage, Webkit, qu’est-ce qui va changer ?

Si Apple veut continuer à vendre des iPhones en Europe, la société n’a d’autre choix de se plier à ces règles qui vont d’ailleurs également toucher Google.

  • App Store : Obligation sera faite à Apple d’ouvrir iOS aux magasins alternatifs
  • Obligation d’autoriser des services de paiement sans contact alternatif à Apple Pay
  • Ouverture de iMessage qui devra être compatible avec les services concurrents
  • Fin de l’obligation d’utiliser Webkit pour les navigateurs concurrents
  • Obligation d’ouvrir la fonctionnalité Air Tags à la concurrence

 

App Store, le 30% de trop, mais le risque d’applications frauduleuses ou vérolées

Les 30% prélevés par Apple ont déjà donné lieu à de nombreux affrontements, y compris sur le territoire américain comme avec Epic Games, contraint de retirer son célèbre jeu Fortnite après avoir tenté de contourner les règles édictées par Apple.

Le DMA devrait contraindre Apple de laisser s’installer des magasins alternatifs. Il est sûr que les éditeurs de jeux vidéo vont rapidement tenter d’en profiter, surtout que la monétisation des nombreux free to play sur mobile représente plus d’un tiers des revenus des grands groupes comme Activision ou Electronic Arts, quand ce n’est pas 100% dans le cas des studios uniquement sur mobile.

Par contre, l’arrivée de magasins alternatifs voudra dire que les applications ne seront pas vérifiées par Apple, et on imagine bien Apple facturer très cher ces vérifications afin de les certifier, voire carrément leur refuser une certification, ce qui serait son droit.

Apple pourrait donc jouer sur cette non-certification des magasins concurrents pour garder l’avantage. D’autre part, l’absence de certification veut également dire la porte ouverte à des logiciels-espions, intrusifs ou capables de voler vos données, ce qui arrivera surement, et devrait renforcer la confiance dans l’App Store. Apple devrait finalement ne pas être trop perdant auprès de son public traditionnel peu enclin à utiliser autre chose que ce qui vient de chez Apple.

 

Service de paiement sans contact, l’ombre des banques et de la multiplication des services

Apple Pay a tout de même un avantage, celui de regrouper différents services de paiement sous une seule bannière. Avec l’ouverture du paiement sans contact, toutes les banques pourront proposer leur service alternatif sur lequel Apple ne pourra rien prélever. Le risque est surtout de voir se multiplier les systèmes de paiement.

Actuellement, les développeurs n’ont accès qu’à la fonction lecture de la puce NFC dès iPhone, seul Apple peut envoyer un signal pour le paiement. Les développeurs et sociétés pourraient lancer chacun son propre portefeuille avec les risques sur la sécurité que cela pourrait engendrer du côté des arnaques. Cependant, Apple pourrait leur refuser de figurer sur l’App Store en ne certifiant pas ces applications, les obligeant à passer par les magasins d’applications alternatifs, ce qui pourrait largement freiner leur déploiement.

 

iMessage, le point sensible d’Apple.

Voilà le point qui risque de poser problème à Apple. La société à la pomme ne veut pas ouvrir iMessage à la concurrence à cause du chiffrement de bout en bout plus sécurisée que les autres services de messagerie à l’exception de Signal.

Apple est dans une véritable impasse technique à ce sujet, surtout que la marque joue depuis quelques années sur la sécurité et la confidentialité des échanges via sa messagerie. L’une des rares solutions possibles serait qu’Apple continue avec un iMessage sécurisé pour les utilisateurs iOS, et un iMessage alternatif et moins sécurisé, mais compatible avec les autres services de messagerie.

 

Fin de Webkit, une bonne chose ?

Actuellement, tous les navigateurs alternatifs sur iOS tournent sous Webkit, la base technologique faisant tourner Safari. C’est-à-dire que vous utilisiez Chrome ou Firefox sous iOS, ils ne sont en fait que des skins, le véritable cœur étant Webkit.

On peut s’attendre à une meilleure compatibilité avec les sites web qui ne passent pas bien sous iOS. Reste à voir comment Apple considèrera la sécurité d’un moteur comme Chromium, voir s’il ira jusqu’à bannir une version de Chrome basée sur Chromium de l’App Store.

 

Air Tags, des pastilles alternatives ?

Très pratique pour retrouver ses objets perdus grâces à l’émission d’ondes radio de faible puissance sur une large bande, la fonction Air Tags pourrait permettre de retrouver des pastilles alternatives comme celles en provenance de Tile, Chipolo Card Spot, Jiobit Smart Tag, voir même Samsung Galaxy Smart Tag.

 

Un an pour se conformer

Le DMA et le DSA entrant en vigueur en 2024, il reste un an à Apple pour se conformer. Déjà obligé de mettre fin à son port Lightning au profit de l’USB-C, Apple va devoir obligatoirement mettre en place les nouvelles règles édictées par l’Europe. Cependant, Apple et son armée d’avocats ne risquent pas de dire leur dernier mot. Apple pourrait de manière légale refuser la certification à des applications vendues sur les magasins d’applications alternatifs, imposer des tarifs extrêmement dissuasifs pour cette certification, ou encore mettre en place de trop nombreux points de contrôles difficiles à atteindre pour les applications qui ne voudraient pas figurer sur l’App Store.

En tout cas, vu le profil des utilisateurs Apple qui plébiscitent un écosystème sûr et entièrement contrôlé par Apple, difficile de les imaginer utiliser une application de leur banque disponible sur une boutique alternative.  La confiance dans de telles applications serait au plus bas, sans compter les clones destinés à voler les données qui pourraient figurer en bonne place à côté.

 

Malgré les nouvelles règles imposées par l’Europe, Apple possède un moyen sûr de les contourner grâce à la confiance que les utilisateurs placent en Apple et c’est même sa plus grande force. Le parlement européen voit en l’iPhone et OS un système comme un autre, ne prenant pas en compte le profil des utilisateurs Apple, or ce sont justement ces millions d’utilisateurs qui croient en Apple et lui font confiance qui font la force d’Apple. Si Apple peut jouer de tout son poids en communication pour démontrer le manque de sécurité des magasins alternatifs. Il n’a qu’à multiplier les interviews dans la presse toujours prête à interviewer Apple, surtout sur un sujet aussi important. Ces mesures restent tout de même d’envergure et vont monopoliser énormément de ressources pour les mettre en place, mais Apple est capable d’en déployer bien d’autres pour les contrer à commencer par ses excellents services de communication.

 

 

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